
Il y a quelques semaines, notre collĂšgue Marie a passĂ© une journĂ©e immersive dans la fromagerie BufflâArdenne, situĂ©e Ă Semel, prĂšs de NeufchĂąteau. Câest lĂ que Patrick et son Ă©quipe produisent la seule mozzarella au lait de bufflonne belge. Elle nous raconte cette journĂ©e riche en dĂ©couvertes.
Vendredi 4 juillet, jâai eu la chance de passer une journĂ©e avec Patrick, le propriĂ©taire de la fromagerie BufflâArdenne, situĂ©e Ă Semel, prĂšs de NeufchĂąteau.
BufflâArdenne est la seule fromagerie belge Ă produire de la mozzarella au lait de bufflonne et cette mozzarella est 100% bio! Le lait est transformĂ© directement Ă la ferme familiale, oĂč son fils SĂ©bastien Ă©lĂšve 170 bufflonnes, tandis que sa femme Brigitte sâoccupe de la partie administrative.
En plus du lait produit sur place, Patrick transforme le lait de quatre éleveurs bio partenaires. Mélanger le lait de différents troupeaux permet de compenser les variations naturelles liées au stade de lactation.
Ă la fromagerie, il est Ă©paulĂ© par Samuel, employĂ© Ă temps plein, et d’une autre personne qui vient une Ă deux fois par semaine. MalgrĂ© la petite taille de l’Ă©quipe, la production est impressionnante : entre 11 000 et 12 000 boules de mozzarella par semaine en Ă©tĂ©. C’est bluffant !

Rencontre avec Patrick
Patrick mâavait donnĂ© rendez-vous Ă 5h tapantes devant la fromagerie. Il mâaccueille avec une Ă©nergie dĂ©bordante â pas de temps Ă perdre : une commande de 2 000 boules de mozzarella doit ĂȘtre prĂȘte pour midi !
Ces derniers jours, les fortes chaleurs ont fait exploser la demande en mozzarella⊠mais Patrick manque de lait. Il dispose d’un peu plus de 500 litres, ce qui ne suffira pas pour honorer toutes ses commandes.
Pour vous donner une idĂ©e : 1 litre de lait de bufflonne permet de produire 2 boules de mozzarella, contre seulement 1 boule par litre avec du lait de vache. Le lait de bufflonne est beaucoup plus riche en protĂ©ines et en matiĂšres grasses, mais il est aussi nettement plus coĂ»teux. Câest ce qui explique la diffĂ©rence de prix (et de qualitĂ©) entre les deux types de mozzarella.
De la cuve Ă vos raviers
La production de la mozzarella commence trĂšs tĂŽt, car il faut compter plus de quatre heures pour que le pH du lait atteigne le bon niveau, et la pĂąte doit encore reposer aprĂšs cela.
Patrick lance les premiĂšres Ă©tapes seul, dans le calme du matin, avant dâĂȘtre rejoint par Samuel quelques heures plus tard.
Voici les différentes étapes de production:
1. Le lait est chauffĂ© dans une immense cuve grĂące Ă lâinjection de vapeur.
2. Lorsquâil atteint 40°C, on ajoute le ferment, qui va progressivement faire descendre le pH. Patrick utilise un ferment maison, quâil entretient depuis 2017 en conservant un peu de sĂ©rum Ă chaque production â comme on le ferait avec un levain.
3. Il ajoute ensuite de la prĂ©sure de veau pour faire coaguler le lait (ce qui signifie que la mozzarella nâest pas vĂ©gĂ©tarienne).
4. Quand le mélange commence à se solidifier, il est découpé en cubes.
5. Une fois le pH descendu à environ 4,85, on retire le sérum (= le liquide), qui représente prÚs de 80 % du volume. Rien ne se perd : il est précieusement conservé pour nourrir les veaux, et peut aussi servir à faire de la ricotta.
6. Le caillĂ© (= la pĂąte) est ensuite transvasĂ© dans un bac oĂč il repose encore un peu. On teste ensuite la pĂąte en la plongeant dans de lâeau Ă 90°C : si elle peut sâĂ©tirer longuement sans casser, le filage est prĂȘt.
7. Le caillé est alors envoyé dans une machine qui chauffe la pùte et forme les boules de mozzarella.
8. Enfin, celles-ci sont manuellement plongĂ©es dans un bain dâeau froide pour les raffermir
Jâai mis la main Ă la pĂąte (au sens propre!) en plongeant les 1 600 boules de mozzarella dans de grands bacs dâeau froide, puis en les plaçant manuellement dans des raviers en plastique.
Une machine prend ensuite le relais : elle remplit chaque pot de saumure, les referme et y appose la date limite de consommation.






Visite de la ferme et livraisons
LâaprĂšs-midi, jâai pu faire un tour de la ferme et rencontrer les bufflonnes, qui profitent de vastes prairies derriĂšre la fromagerie.
Nous sommes ensuite partis en livraison avec Patrick : trois magasins bio et une pizzeria. Sur la route, Patrick me raconte son parcours.
Nous rentrons Ă la ferme vers 17h, et câest « dĂ©jà  » lâheure de se dire au revoir. Je dois bien avouer que jâĂ©tais Ă©puisĂ©e⊠mais pour Patrick, la journĂ©e n’est pas terminĂ©e : il repart aussitĂŽt pour une nouvelle livraison du cĂŽtĂ© de Namur !


Une passion contagieuse
Jâai goĂ»tĂ© la mozzarella Buffl’Ardenne pour la premiĂšre fois il y a presque huit ans, quand jâĂ©tais encore simple cliente chez Les Petits Producteurs. Depuis, je n’ai (presque) jamais achetĂ© une autre mozzarella. Câest typiquement le genre de produit oĂč le savoir-faire se goĂ»te dĂšs la premiĂšre bouchĂ©e! C’est incomparable Ă une mozzarella industrielle.
Je savais que BufflâArdenne Ă©tait un petit producteur⊠mais vu le nombre de boules produites chaque jour, je mâattendais Ă dĂ©couvrir une Ă©quipe plus grande et un atelier bien plus mĂ©canisĂ©. Et pourtant, BufflâArdenne est un vĂ©ritable projet familial, portĂ© par trĂšs peu de personnes dĂ©bordantes dâĂ©nergie, de passion et de savoir-faire artisanal.
Suite Ă cette journĂ©e, je dĂ©guste leur mozzarella avec encore plus de respect. Câest la meilleure mozzarella que jâai eu lâoccasion de manger, et câest incroyable quâelle soit bio et fabriquĂ©e Ă deux pas de lĂ oĂč jâai grandi.






