
Céline, vendeuse dans nos magasins, a passé une journée à la boulangerie Sans Patron pour découvrir les réalités de nos producteurs et productrices, tout en donnant un coup de main. Elle en a profité pour poser quelques questions à Aurélien et Will, qui travaillent à la boulangerie. On vous partage leurs réponses 🤗.
1. Quelle est ton histoire ? Qu’est-ce qui t’a amené à faire ce métier ? Qu’est-ce qui te passionne ?
Aurélien :
J’ai découvert le pain au levain à 19 ans. J’ai suivi quelques boulangers pour apprendre et, ensuite, j’ai construit un four à bois chez moi.
Avant de co-créer Sans Patron, j’étais surtout actif dans le milieu militant et associatif. L’idée avec la coopérative était de créer un projet moins précaire et plus pérenne, avec l’envie de collectiviser les outils de production. Au début, il était question de créer un projet collectif d’autogestion pour échapper à l’aliénation du salariat. Le pain était secondaire à ce moment-là. Mais ce qui a pris tout son sens avec le pain, c’est la possibilité de nourrir les gens de façon simple et universelle. Pour moi, la découverte du pain, c’est surtout celle d’un savoir-faire, d’une discipline complète. C’est un savoir-faire sans fin, qui ne cesse de se renouveler!
Will :
J’avais déjà un intérêt pour les produits alternatifs avant d’arriver à la boulangerie. Quand je suis arrivé le projet Sans Patron existait déjà, j’ai commencé par y travailler en tant qu’étudiant. Comme Aurélien, j’avais aussi cette envie de prendre différemment en main le salariat, avec une activité qui ait du sens.
2. Qu’est-ce qui fait qu’aujourd’hui, tu es producteur en bio ? Qu’est-ce qui te pousse à avancer dans cette voie ?

Il y a le bio, et puis il y a le bio avec un sens. Ce qui nous intéresse réellement, c’est l’éthique qui se cache derrière les produits.
On travail avec du levain, un produit vivant. En plus de cela, Il est important de travailler avec des produits issus d’un sol vivant et en bonne santé.
Faire du pain, c’est aussi valoriser une chaîne qui a du sens. Il y a un rôle social derrière le pain, quelque chose qui nous dépasse. On fait attention à la qualité du travail et du produit à chaque étape de cette chaîne.
3. Si tu avais une baguette magique, que changerais-tu ?
Le système capitaliste !
4. En quoi LPP a-t-il changé ton rapport au travail ? Y a-t-il eu des améliorations depuis LPP ?
LPP rejoint la même dynamique que Sans Patron : penser et se nourrir autrement. C’est ce genre de partenaire qu’on cherche à avoir.
5. Si tu avais un mot pour ceux/celles qui vont te lire, que leur dirais-tu ?
Serrons-nous les coudes en attendant la révolution et soyons inclusifs dans le travail que nous faisons !
Et toi Céline, que retiens-tu de cette journée ? Sur quoi avez-vous travaillé ?
J’ai eu la chance de participer à toutes les étapes de la création d’un pain, ce qui m’a permis de vraiment comprendre le processus dans son ensemble. Ce qui m’a frappée, c’est la précision du geste qu’il faut acquérir pour obtenir la bonne texture et la bonne forme du pain sans l’altérer. Dans l’atelier, tout est agencé de manière à ce que les cuissons et les façonnages se déroulent de manière fluide et harmonieuse, ce qui facilite grandement le processus de production
Ce que j’ai également découvert, c’est l’importance qu’accorde Sans Patron à inscrire ce projet de boulangerie dans une réflexion plus large, qui touche notre mode de consommation, notre rapport au travail, et l’envie de démontrer qu’un autre modèle de travail, plus horizontal, peut fonctionner. La création d’un pain va au-delà du façonnage : il y a tout un processus préalable. Une des valeurs fortes de l’équipe est aussi de rendre le pain accessible à toutes les bourses, ce qui se traduit par l’introduction du « communard » : un pain à 4 euros le kilo, dont on peut choisir la quantité que l’on souhaite.
