Après les ventes record enregistrées juste avant le confinement, les magasins de la coopérative Les Petits Producteurs (produits locaux et/ou bio) restent ouverts aux horaires habituels; la clientèle est fidèle au rendez-vous et de nouveaux clients poussent régulièrement la porte des trois magasins situés à Liège.
Des mesures d’hygiène ont été progressivement mises en place: nombre de personnes limité, placement de plexis aux caisses, désinfection régulière, lavage des mains obligatoire à l’entrée, paiement par carte uniquement et bientôt des masques pour l’équipe. Ces adaptations ont été bien accueillies par la clientèle et sont régulièrement adaptées en fonction de l’évolution de la situation.
Sur le terrain par contre, les producteurs sont impactés différemment en fonction de leur activité.
Chez les maraîchers et les arboriculteurs, le début du printemps est une période très chargée: c’est le moment de faire les semis et plantations. Or le confinement rend l’accès aux champs plus difficile puisque les ouvriers ne peuvent se déplacer que par deux en camionnette. Alors qu’il y a beaucoup de travail et qu’en plus la demande augmente fortement (dans les magasins de la coopérative mais aussi en vente directe à la ferme), la main d’œuvre manque.
Les ouvriers saisonniers étrangers ne passent plus la frontière et les stagiaires, aide non négligeable, ne peuvent plus travailler.
“Nous ne sommes plus autorisés à continuer notre stage sur le terrain, par contre nous pouvons y retourner en tant que cueilleurs rémunérés, explique Loïc, ancien vendeur qui suit maintenant une formation en maraîchage. C’est illogique parce que cela représenterait un coût supplémentaire pour le producteur alors que nous sommes là pour apprendre, gratuitement.”
“Plusieurs personnes nous ont contactés pour proposer leur aide chez nos producteurs, explique François Olivier, chargé de communication chez Les Petits Producteurs, mais employer des bénévoles dans les cultures est actuellement puni d’amende (19.000€)”. Par ailleurs, une plateforme régionale a été lancée pour mettre en lien l’offre et la demande de travailleurs saisonniers.
Du côté des éleveurs, l’augmentation de la demande en magasin permet de compenser les pertes de ventes vers l’horeca et les écoles. Même constat chez les brasseurs: la Brasserie Coopérative Liégeoise a perdu jusqu’à 70% de son chiffre d’affaires à cause de la fermeture de l’horeca et des événements. Ils ont donc lancé la Badjawe en 33cl plus tôt que prévu et l’écoulent en circuit court via les magasins locaux, “sans quoi nous serions déjà fermés, explique Stany Herman, c’est la preuve que le modèle local basé sur la solidarité avec les producteurs fonctionne”.
Quant aux producteurs d’œufs, “la Ferme des Coudriers s’arrache les cheveux pour nous fournir car la demande augmente, explique Pascal Hennen, gérant chez Les Petits Producteurs, or les poules ne peuvent pas pondre plus pour la cause. Pour compléter, un nouveau lot de poules nous permet d’avoir des œufs de poulette, de plus petit format.” La situation est similaire chez Agribio, coopérative céréalière, qui peine à livre les quantités demandées.
Au final, le secteur des producteurs locaux est sous pression par une hausse de la demande conjointe au lancement de la saison dans des conditions compliquées (déplacement du personnel, contrôles sur les routes…). Or, déjà avant la pandémie les producteurs locaux étaient en crise puisqu’ils ne peuvent actuellement pas vivre de leur travail.
Depuis sa création, la coopérative Les Petits Producteurs met tout en œuvre pour les soutenir: non négociation des prix, investissements logistiques (enlèvement sur le terrain plutôt que livraison), engagement commercial à long terme, solidarité entre les acteurs de l’écosystème (échange de matériel, de savoir), mise en avant auprès du grand public, soutien à l’installation de nouveaux producteurs…
“On espère donc que les personnes qui ont changé leurs habitudes continueront de soutenir le circuit court après la pandémie, continue Pascal Hennen, pour soutenir les projets agricoles et ainsi relocaliser notre alimentation.”
Contacts
François Olivier, chargé de communication – francois@lpp.coop